Séance: 1
Titre: Découverte de l’histoire et des
personnages
Objectifs:
Matériel:
- 1 feuille par élève “résumé et
personnages”.
Déroulement:
Phase 1: Lire 20min
- Distribution de la feuille de résumé de l’histoire et
de présentation des personnages.
- Les élèves la lisent silencieusement.
- Quelques élèves sont interrogés en lecture orale
et évalués par les autres élèves.
Phase 2: Dire 10min
- Une discussion sur l’intrigue, la période de l’Histoire et les
personnages est engagée.
Phase 3: Écrire 20min
- Les élèves répondent aux questions de la feuille.
Séance: 2
Titre: Le personnage de Cosette
Objectifs:
Matériel:
- 1 feuille par élève “Cosette”.
Déroulement:
Phase 1: Dire 5min
- Le maître demande aux élèves ce qu’ils se
souviennent au sujet du personnage de Cosette.
- Il leur dit que la séance d’aujourd’hui sera consacrée
à la lecture d’un extrait des Misérables consacré
à Cosette.
Phase 2: Lire 10min
- Distribution de la fiche “Cosette”.
- Les élèves la lisent silencieusement.
- Ils soulignent les mots qu’ils ne comprennent pas.
Phase 3: Dire 10min
- Le maître demande aux élèves quels mots ils n’ont
pas compris et les notent au tableau.
- Munis de dictionnaires (1 pour 2), ils cherchent les
définitions.
- Les définitions sont notées au tableau par le
maître.
Phase 4: Lire 10min
- Quelques élèves sont interrogés en lecture et
évalués par les autres élèves (jurys).
Phase 5: Dire 5min
- Une discussion sur l’extrait s’engage.
Phase 6: Écrire 25min
- Les élèves remplissent la grille de mots
croisés. Ils peuvent le faire seul ou à deux. Ils ont
à leur disposition un dictionnaire.
Séance: 3
Titre: Le personnage de Cosette
Objectifs:
Matériel:
- 1 feuille par élève “Cosette 2”.
- La K7 vidéo
Déroulement:
Phase 1: Dire 5min
- Le maître propose aux élèves de travailler
à nouveau sur un extrait consacré au personnage de
Cosette.
- Quelques élèves résument l’extrait
étudié précédemment.
- Le maître leur dit que l’extrait d’aujourd’hui est la suite de
l’extrait de la dernière fois.
Phase 2: Lire 10min
- Distribution de la fiche “Cosette 2”.
- Les élèves la lisent silencieusement.
Phase 3: Écrire 25min
- Seul ou à deux, les élèves remplissent la grille
de mots croisés. Ils peuvent utiliser le dictionnaire.
Phase 4: Voir 30min
- Le début du dessin animé des Misérables est
visionné (jusqu’à la fin de la partie sur Cosette).
Séance: 4
Titre: Le personnage de Gavroche
Objectifs:
Matériel:
- 1 feuille par élève “Gavroche”.
Déroulement:
Phase 1: Dire 5min
- Le maître explique aux élèves qu’ils vont
aujourd’hui travailler sur le personnage de Gavroche.
- Ils leur demande ce qu’ils se souviennent à son sujet.
Phase 2: Lire 10min
- Distribution de la fiche “Gavroche”.
- Les élèves la lisent silencieusement.
Phase 3: Dire 10min
- Quelques élèves sont interrogés en lecture et
évalués par les autres élèves.
Phase 4: Écrire 35min
- Seuls, les élèves répondent aux questions en
rapport avec le texte.
Séance: 5
Titre: Le personnage de Gavroche 2
Objectifs:
Matériel:
- 1 feuille par élève “Gavroche 2”.
- La K7 vidéo.
Déroulement:
Phase 1: Dire 5min
- Le maître propose aux élèves de visionner la
suite de la vidéo.
- Il leur explique qu’après ils travailleront à nouveau
sur le personnage de Gavroche.
Phase 2: Voir 25min
- Visionnage de la suite de la K7 vidéo.
Phase 3: Lire 10min
- Distribution de la fiche “Gavroche 2”.
- Les élèves la lisent silencieusement.
Phase 4: Écrire 30min
- Seuls, les élèves répondent aux questions en
rapport avec le texte.
Séance: 6
Titre: La chronologie des événements
Objectifs:
Matériel:
- 1 feuille par élève “Les événements”.
- La K7 vidéo.
Déroulement:
Phase 1: Dire 5min
- Le maître explique aux élèves qu’ils vont
visionner la suite et fin du film.
- Il leur distribue une fiche contenant les événements
principaux de l’histoire mais déclassés.
- Il leur explique qu’à la fin du film, il faudra
découper chaque phrase-événement et les coller
dans l’ordre chronologique sur leur cahier.
Phase 2: Voir 25min
- Visionnage de la fin de la K7 vidéo.
Phase 3: Écrire 20min
- Les élèves marquent la date et la consigne dans leur
cahier.
- Ils découpent et collent les événements dans
l’ordre chronologique.
Phase 4: Dire 10min
- Impressions des élèves au sujet de l’oeuvre des
Misérables.
ANNEXES:
Recherche Internet sur V. Hugo:
Victor Hugo est un grand écrivain du 19ème siècle.
Cherche des informations sur internet et réponds à ces
questions:
1. Victor Hugo est né en:
a. 1908
b. 1828
c. 1802
2. Victor Hugo est né à :
a. Paris
b. Besançon
c. Marseille
3. Hugo écrivait :
a. seulement les romans
b. de la poésie, des romans, du théâtre, des
articles politiques
c. des poésies et des romans
4. Hugo a publié Les Misérables en :
a. 1840
b. 1862
c. 1842
5. En 1876, il est élu :
a. Maire
b. Président
c. Sénateur
6. Cite 5 de ses oeuvres:
_
_
_
_
_
Résumé:
Est-ce que vous connaissez l’histoire de Les Misérables ? C’est
un grand chef-d’œuvre écrit par Victor Hugo qui raconte
l’histoire de la Révolution française au 18ème
siècle.
Voici le résumé de cette histoire qui se décompose
en 5 parties:
Jean Valjean et l'évêque
Jean Valjean, un ancien forçat, trouve asile, après une
lamentable course errante, chez l’évêque de Digne. Il se
laisse tenter par des couverts d'argent et déguerpit à
l'aube. Des gendarmes le reprennent ; mais l'évêque
témoigne en sa faveur et le sauve. Cette
générosité le bouleverse. Il cède à
une dernière tentation, puis il devient un honnête homme.
M. Madeleine et Fantine
Fantine a été séduite, puis abandonnée avec
sa petite fille Cosette. Arrêtée à la suite d'une
dispute, elle est âprement interrogée par le policier
Javert ; mais le maire de la ville M. Madeleine, la fait
relâcher. Cette clémence, déconcertante de la part
d'un magistrat confirme le soupçon de Javert : M. Madeleine et
Valjean ne font qu'un. Quelques temps plus tard, un malheureux,
Champmathieu, est pris pour l'ancien forçat de nouveau
recherché. Après un douloureux débat
intérieur, le vrai Jean Valjean se fait reconnaître en
plein tribunal. Momentanément laissé libre, il assiste
à l'agonie de Fantine lui jure de veiller sur Cosette : puis il
s'échappe et gagne Paris.
Cosette et les Thénardier
Cosette est servante chez le sinistre Thénardier qui fait
fortune en détroussant les morts de Waterloo. Jean Valjean a
été repris par Javert et réintégré
au bagne. Il s'est encore évadé mais tout le monde le
croit noyé. Il revient, arrache Cosette au couple
Thénardier, se cache avec elle dans une masure.
L'idylle rue Plumet
Jean Valjean s'installe rue Plumet sous le nom de Fauchelevent. Il lie
connaissance avec un jeune républicain Marius, qui aime Cosette.
Une fois de plus, arrêté par Javert, il se sauve.
L'épopée rue Saint Denis
En 1832, l'émeute gronde rue St-Denis. Sur la barricade, Jean
Valjean lutte avec Marius et un gamin de Paris nommé Gavroche.
L'ancien forçat se voit confier le policier Javert :
généreusement, il lui rend sa liberté, puis sauve
Marius blessé. Celui-ci guéri, épouse Cosette ;
Jean Valjean a rempli,jusqu'au bout sa promesse à Fantine. Quand
il meurt, les chandeliers de l'évêque sont allumés
à son chevet.
Voici la présentation des personnages:
Jean Valjean a été condamné au bagne en 1795, pour
le vol d'un pain, jugement qui symbolise l'oppression qu'impose
une société injuste à une population
écrasée.
Fantine, une ouvrière qui a été séduite par
l'étudiant Tholomyés. Elle est obligée de
confier son enfant, Cosette, aux Thénardier.
Cosette, la fille de Fantine, sera laissée en nourrice chez
les Thénardier qui la maltraiteront.
La famille Thénardier, un couple de cabaretiers sordides qui
exploite la "pauvre" Cosette.
Gavroche, gamin de Paris, jeté sur les pavés comme
beaucoup d'autres enfants, est seul, sans amour, sans gîte,
sans pain, mais joyeux car libre.
Marius, étudiant, petit-fils d'un grand bourgeois,
Monsieur Gillenormand, et fils d'un colonel disparu à
Waterloo, découvre la misère du peuple et se rallie
au socialisme. Il tombera amoureux de Cosette.
Le policier Javert incarne l'intransigeance républicaine. Pas
de rémission pour un ancien forçat, pas de
grâce pour Valjean.
Maintenant, à toi de réponde aux questions:
Pourquoi Jean Valjean a-t-il été condamné
au bagne (cherche la définition dans le dictionnaire)?
______________________________________________________
___________________________________________________________________________
Qui est Fantine (profession, lien de parenté avec d’autres
personnages)?
___________________________________________________________________________
Qui est Cosette ? et qui sont les Thénardier ?
________________________________
___________________________________________________________________________
Quel policier arrête plusieurs fois Jean Valjean ?
______________________________
Comment se termine le livre ?
______________________________________________
___________________________________________________________________________
Cosette1:
Résumé:
Cosette a 3 ans lorsque sa maman Fantine va chercher du travail
à Montreuil-sur-Mer. En chemin, elles s'arrêtent à
l'auberge des Thénardiers. Fantine leur demande de garder son
enfant en pension. Elle enverra de l'argent. Mais Cosette est
maltraitée, battue. Elle est leur servante...
Fantine tombe malade. Elle demande à Jean Valjean de ramener
Cosette auprès d'elle. Malheureusement, elle meurt. Jean Valjean
part à la recherche de l'enfant.
En cheminant par le taillis dans la direction de Montfermeil, Jean
Valjean avait aperçu cette petite ombre qui se
déplaçait avec un gémissement, qui déposait
un fardeau à terre, puis le reprenait, et se remettait à
marcher. Il s'était approché et avait reconnu que
c'était un tout jeune enfant chargé d'un énorme
seau d'eau. Alors il était allé à l'enfant, et
avait pris silencieusement l'anse du seau.
L'homme lui adressa la parole. Il parlait d'une voix grave et presque
basse.
- Mon enfant, c'est bien lourd pour vous ce que vous portez là.
Cosette leva la tête et répondit:
- Oui, monsieur.
- Donnez, reprit l'homme. Je vais vous le porter.
Cosette lâcha le seau. L'homme se mit à cheminer
près d'elle.
- C'est très lourd en effet, dit-il entre ses dents. Puis il
ajouta:
- Petite, quel âge as-tu?
- Huit ans, monsieur.
- Et viens-tu de loin comme cela?
- De la source qui est dans le bois.
- Et est-ce loin où tu vas?
- A un bon quart d'heure d'ici.
L'homme resta un moment sans parler, puis il dit brusquement:
- Tu n'as donc pas de mère?
- Je ne sais pas, répondit l'enfant.
Avant que l'homme eût eu le temps de reprendre la parole, elle
ajouta:
- Je ne crois pas. Les autres en ont. Moi, je n'en ai pas.
Et après un silence, elle reprit:
- Je crois que je n'en ai jamais eu.
L'homme s'arrêta, il posa le seau à terre, se pencha et
mit ses deux mains sur les deux épaules de l'enfant, faisant
effort pour la regarder et voir son visage dans l'obscurité.
La figure maigre et chétive de Cosette se dessinait vaguement
à la lueur livide du ciel.
- Comment t'appelles-tu? dit l'homme.
- Cosette.
L'homme eut comme une secousse électrique. Il la regarda encore,
puis il ôta ses mains de dessus les épaules de Cosette,
saisit le seau, et se remit à marcher. Au bout d'un instant il
demanda:
- Petite, où demeures-tu?
- A Montfermeil, si vous connaissez.
- C'est là que nous allons?
- Oui, monsieur.
Il fit encore une pause, puis recommença:
- Qui est-ce donc qui t'a envoyée à cette heure chercher
de l'eau dans le bois?
- C'est madame Thénardier.
L'homme repartit d'un son de voix qu'il voulait s'efforcer de rendre
indifférent, mais où il y avait pourtant un tremblement
singulier:
- Qu'est-ce qu'elle fait, ta madame Thénardier?
- C'est ma bourgeoise, dit l'enfant. Elle tient l'auberge.
- L'auberge? dit l'homme. Eh bien, je vais aller y loger cette nuit.
Conduis-moi.
- Nous y allons, dit l'enfant.
Cosette 2:
L'homme marchait assez vite. Cosette le suivait sans peine. Elle ne
sentait plus la fatigue. De temps en temps, elle levait les yeux vers
cet homme avec une sorte de tranquillité et d'abandon
inexprimables. Jamais on ne lui avait appris à se tourner vers
la providence et à prier. Cependant elle sentait en elle quelque
chose qui ressemblait à de l'espérance et à de la
joie et qui s'en allait vers le ciel.
Quelques minutes s'écoulèrent. L'homme reprit:
- Est-ce qu'il n'y a pas de servante chez madame Thénardier?
- Non, monsieur.
- Est-ce que tu es seule?
- Oui, monsieur.
Il y eut encore une interruption. Cosette éleva la voix:
- C'est-à-dire il y a deux petites filles.
- Quelles petites filles?
- Ponine et Zelma.
L'enfant simplifiait de la sorte les noms romanesques chers à la
Thénardier.
- Qu'est-ce que c'est que Ponine et Zelma?
- Ce sont les demoiselles de madame Thénardier. Comme qui dirait
ses filles.
- Et que font-elles, celles-là?
- Oh! dit l'enfant, elles ont de belles poupées, des choses
où il y a de l'or, tout plein d'affaires. Elles jouent, elles
s'amusent.
- Toute la journée?
- Oui, monsieur.
- Et toi?
- Moi, je travaille.
- Toute la journée?
L'enfant leva ses grands yeux où il y avait une larme qu'on ne
voyait pas à cause de la nuit, et répondit doucement:
- Oui, monsieur.
Elle poursuivit après un intervalle de silence:
- Des fois, quand j'ai fini l'ouvrage et qu'on veut bien, je m'amuse
aussi.
- Comment t'amuses-tu?
- Comme je peux. On me laisse. Mais je n'ai pas beaucoup de joujoux.
Ponine et Zelma ne veulent pas que je joue avec leurs poupées.
Je n'ai qu'un petit sabre en plomb, pas plus long que ça.
L'enfant montrait son petit doigt.
- Et qui ne coupe pas?
- Si, monsieur, dit l'enfant, ça coupe la salade et les
têtes de mouches.
Ils atteignirent le village; Cosette guida l'étranger dans les
rues. Ils passèrent devant la boulangerie; mais Cosette ne
songea pas au pain qu'elle devait rapporter. L'homme avait cessé
de lui faire des questions et gardait maintenant un silence morne1.
Quand ils eurent laissé l'église derrière eux,
l'homme, voyant toutes ces boutiques en plein vent, demanda à
Cosette:
- C'est donc la foire ici?
- Non, monsieur, c'est Noël.
Comme ils approchaient de l'auberge, Cosette lui toucha le bras
timidement.
- Monsieur?
- Quoi, mon enfant?
- Nous voilà tout près de la maison.
- Eh bien?
- Voulez-vous me laisser reprendre le seau à présent?
- Pourquoi?
- C'est que, si madame voit qu'on me l'a porté, elle me battra.
L'homme lui remit le seau. Un instant après, ils étaient
à la porte de la gargote.
Gavroche1:
Résumé:
Gavroche est un gamin de Paris qui vit seul, sans logis mais il est
joyeux car libre. Enfant du peuple, il est jeté sur les
pavés lors des insurrections et meurt sur les barricades.
(...) On remarquait sur le boulevard du Temple et dans les
régions de Château d'Eau un petit garçon de
onze à douze ans qui eût assez correctement
réalisé cet idéal du gamin (...) si, avec le rire
de son âge sur les lèvres, il n'eût pas eu le
cœur absolument sombre et vide. Cet enfant était bien
affublé d'un pantalon d'homme, mais il ne le tenait pas de
son père, et d'une camisole de femme, mais il ne la tenait pas
de sa mère. Des gens quelconques l'avaient habillé
de chiffons par charité. Pourtant il avait un père et une
mère. Mais son père ne songeait pas à lui et
sa mère ne l'aimait point. C'était un de ces enfants
dignes de pitié entre tous qui ont père et
mère et qui sont orphelins.
Cet enfant ne se sentait jamais si bien que dans la rue. Le
pavé lui était moins dur que le cœur de sa mère.
Ses parents l'avaient jeté dans la vie d'un coup de pied.
Il avait tout bonnement pris sa volée.
C'était un garçon bruyant, blême, leste,
éveillé, goguenard, à l'air vivace et
maladif. Il allait, venait, chantait, jouait à la
fayousse, grattait les ruisseaux, volait un peu, mais comme les
chats et les passereaux, gaiement, riait quand on l'appelait galopin,
se fâchait quand on l'appelait voyou. Il n'avait pas de
gîte, pas de pain, pas d'amour ; mais il était joyeux
parce qu'il était libre.
(...)
Pourtant, si abandonné que fût cet enfant, il arrivait
parfois, tous les deux ou trois mois, qu'il disait : Tiens,
je vais voir maman ! Alors il quittait le boulevard, le
Cirque, la porte Saint-Martin, descendait aux quais, passait les
ponts, gagnait les faubourgs, atteignait la
Salpêtrière, et arrivait où ?
Précisément à ce double numéro 50-52
(...), à la masure Gorbeau.
(...) Les plus misérables entre ceux qui habitaient la
masure étaient une famille de quatre personnes, le
père, la mère et deux filles déjà
assez grandes, tous les quatre logés dans le même galetas
(...).
Cette famille n'offrait au premier abord rien de particulier que
son extrême dénuement. Le père en louant la chambre
avait dit s'appeler Jondrette. Quelque temps après son
emménagement qui avait singulièrement
ressemblé, pour emprunter l'expression mémorable de
la principale locataire, à l'entrée de rien du
tout, ce Jondrette avait dit à cette femme qui, comme sa
devancière, était en même temps
portière et balayait l'escalier :
- Mère une telle, si quelqu'un venait par hasard demander
un polonais ou un italien, ou peut-être un espagnol, ce
serait moi.
Cette famille était la famille du joyeux va-nu-pieds. Il y
arrivait et il y trouvait la pauvreté, la détresse, et ce
qui est plus triste, aucun sourire ; le froid dans
l'âtre et le froid dans les cœurs. Quand il entrait, on lui
demandait :
- D'où viens-tu ?
Il répondait : - De la rue.
Quand il s'en allait, on lui demandait : - Où vas-tu ?
Il répondait : - Dans la rue.
Sa mère lui disait : - Qu'est-ce que tu viens
faire ici ?
Cet enfant vivait dans cette absence d'affection comme ces herbes
pâles qui viennent dans les caves. Il ne souffrait pas
d'être ainsi et n'en voulait à personne. Il ne
savait pas au juste comment devaient être un père et
une mère.
Du reste sa mère aimait ses sœurs.
Nous avons oublié de dire que sur le boulevard du Temple
on nommait cet enfant Gavroche. Pourquoi s'appelait-il
Gavroche ? Probablement parce que son père s'appelait
Jondrette. Casser le fil semble être l'instinct de
certaines familles misérables.
QUESTIONS:
1. Donne un titre à cet extrait:
_________________________________
_______________________________________________________________
2. Recherche et note la définition des mots suivants:
goguenard, fayousse, âtre:
_______________________________________________________________
_______________________________________________________________
_______________________________________________________________
_______________________________________________________________
_______________________________________________________________
_______________________________________________________________
_______________________________________________________________
_______________________________________________________________
_______________________________________________________________
3. Surligne dans le texte les adjectifs qui décrivent Gavroche.
4. A ton tour d’écrire la description d’uin camarade de ta
classe. Tu devras écrire au minimum 10 lignes. Tu feras
attention aux accords. Tu peux utiliser un dictionnaire.
Gavroche2:
Courfeyrac tout à coup aperçut quelqu'un au bas de
la barricade, dehors, dans la rue, sous les balles. Gavroche
avait pris un panier à bouteilles dans le cabaret,
était sorti par la coupure, et était paisiblement
occupé à vider dans son panier les gibernes pleines
de cartouches des gardes nationaux tués sur le talus de la
redoute.
- Qu'est-ce que tu fais
là ? dit Courfezrac.
Gavroche leva le nez :
- Citoyen, j'emplis mon panier.
- Tu ne vois donc pas la
mitraille ?
Gavroche répondit :
- Eh bien, il pleut.
Après ?
Courfeyrac cria :
- Rentre !
- Tout à l'heure, fit
Gavroche.
Et d'un bond, il s'enfonça dans la rue. (...) Une
vingtaine de morts gisaient çà et là dans
toute la longueur de la rue sur le pavé. Une vingtaine de
gibernes pour Gavroche. Une provision de cartouches pour la
barricade.
La fumée était dans la rue comme un
brouillard. Quiconque a vu un nuage tombé dans une gorge
de montagne entre deux escarpements à pic, peut se figurer
cette fumée resserrée et comme épaissie par
deux sombres lignes de hautes maisons. Elle montait lentement et
se renouvelait sans cesse ; de là un obscurcissement
graduel qui blêmissait même le plein jour. C'est
à peine si, d'un bout à l'autre de la rue, pourtant
fort courte, les combattants s'apercevaient.
Cet obscurcissement, probablement voulu et
calculé par les chefs qui devaient diriger l'assaut de la
barricade, fut utile à Gavroche.
Sous les plis de ce voile de fumée, et grâce
à sa petitesse, il put s'avancer assez loin dans la rue
sans être vu. Il dévalisa les sept ou huit
premières gibernes sans grand danger.
Il rampait à plat ventre, galopait
à quatre pattes, prenait son panier aux dents, se tordait,
glissait, ondulait, serpentait d'un mort à l'autre, et
vidait la giberne ou la cartouchière comme un singe ouvre
une noix.
De la barricade, dont il était encore assez près,
on n'osait lui crier de revenir, de peur d'appeler l'attention
sur lui.
Sur un cadavre, qui était un caporal, il
trouva une poire à poudre.
- Pour la soif, dit-il, en la mettant dans sa
poche.
A force d'aller en avant, il parvint au point
où le brouillard de la fusillade devenait transparent. Si
bien que les tirailleurs de la ligne rangés et à
l'affût derrière leur levée de pavés,
et les tirailleurs de la banlieue massés à l'angle de la
rue, se
montrèrent soudainement quelque chose qui remuait dans la
fumée.
Au moment où Gavroche
débarrassait de ses cartouches un sergent gisant
près d'une borne, une balle frappa le cadavre.
- Fichtre ! fit Gavroche. Voilà
qu'on me tue mes morts.
Une deuxième balle fit étinceler
le pavé à côté de lui. Une
troisième renversa son panier. Gavroche regarda, et vit que
cela venait de la banlieue.
Il se dressa tout droit, debout, les cheveux au
vent, les mains sur les hanches, l'œil fixé sur les gardes
nationaux qui tiraient, et il chanta :
On est laid à Nanterre,
C'est la faute à Voltaire,
Et bête à Palaiseau,
C'est la faute à Rousseau.
Puis il ramassa son panier, y remit, sans en
perdre une seule, les cartouches qui en étaient
tombées, et, avançant vers la fusillade, alla
dépouiller une autre giberne. Là une quatrième
balle le manqua encore. Gavroche chanta :
Je ne suis pas notaire,
C'est la faute à Voltaire,
Je suis petit oiseau,
C'est la faute à Rousseau.
Une cinquième balle ne réussit
qu'à tirer de lui un troisième
couplet :
Joie est mon caractère,
C'est la faute à Voltaire,
Misère est mon trousseau,
C'est la faute à Rousseau.
Cela continua ainsi quelque temps.
Le spectacle était épouvantable
et charmant. Gavroche fusillé, taquinait la fusillade. Il
avait l'air de s'amuser beaucoup.
C'était le moineau becquetant les chasseurs. Il
répondait à chaque décharge par un couplet.
On le visait sans cesse, on le manquait toujours. Les gardes
nationaux et les soldats riaient en
l'ajustant. Il se couchait, puis se redressait, s'effaçait
dans un coin de porte, puis bondissait, disparaissait,
reparaissait, se sauvait, revenait, ripostait à la
mitraille par des pieds de nez, et cependant pillait les
cartouches, vidait les gibernes et remplissait son panier. Les
insurgés, haletants d'anxiété, le suivaient
des yeux. La barricade tremblait ; lui, il chantait. Ce
n'était pas un enfant, ce n'était pas un homme ;
c'était un étrange gamin fée. On eût
dit le nain invulnérable de la mêlée.
Les balles couraient après lui, il était plus leste
qu'elles. Il jouait on ne sait quel effrayant jeu de cache-cache
avec la mort ; chaque fois que la face camarde du spectre
s'approchait, le gamin lui donnait une pichenette.
Une balle pourtant, mieux ajustée ou plus
traître que les autres, finit par atteindre l'enfant feu
follet. On vit Gavroche chanceler, puis il s'affaissa. Toute la
barricade poussa un cri ; mais il y avait de l'Antée
dans ce pygmée ; pour le gamin toucher le
pavé, c'est comme pour le géant toucher la
terre ; Gavroche n'était tombé que pour se
redresser ; il resta assis sur son séant, un long filet de
sang rayait son visage, il éleva ses deux bras en l'air,
regarda du côté d'où était venu le
coup, et se mit à chanter :
Je suis tombé par terre,
C'est la faute à Voltaire,
Le nez dans le ruisseau,
C'est la faute à...
Il n'acheva point. Une seconde balle du
même tireur l'arrêta court. Cette fois il s'abattit
la face contre le pavé, et ne remua plus. Cette petite
grande âme venait de s'envoler.